Pourquoi as-tu choisi le club de Boulogne 92 (à l'époque ACBB aviron) ?
J'ai choisi le club parce que j'habitais Neuilly et que le CNF n'accueillait pas de personnes handicapées.
Lors d'une régate à Mâcon en 2008, j'ai rencontré Jean-François Bridel, Cédric Toublan et François Banton qui m'ont convaincu, et je suis donc rentré dans cette grande famille qu'est l'ACBB.
Comment as-tu basculé dans le haut niveau ?
Cela s'est fait progressivement. J'ai gagné un 1er critérium bateau court en individuel. Quelques temps après, Jean-Paul Fain, qui était alors DTN de l'handi-aviron, m'a été présenté et il m'a proposé de faire un stage en équipe de France. C'étaient les balbutiements de l'handi-aviron et j'ai eu la chance de pouvoir être ainsi au début de l'aventure.
Comment fais-tu pour garder la motivation tout au long de ces années ?
J'aime la compétition, j'ai l'esprit compétitif et apprécie de me dépasser pour atteindre des objectifs.
Bien sûr la perspective de participer à des jeux paralympiques est une vraie motivation pour tout sportif. Londres puis Rio sont des rêves que j'ai pu réaliser.
Cette année je m'étais fixé le 10e titre de champion de France. J'ai voulu le préparer en améliorant ma technique et avec l'esprit serein. C'est un objectif qui me tenait à cœur personnellement et pour le club.
Quel résultat sportif t'a le plus marqué ?
Mon premier championnat du Monde en 2010 à Karapiro en Nouvelle Zélande dans lequel je me classe deuxième en double avec Perle Bouge.
Quelle suite envisages-tu pour ta carrière de rameur ?
Je voulais avoir le 10e titre de champion de France ce qui vient d'être fait. Ensuite ce ne sera que du bonus.
Au mois de mai je vais participer à la régate internationale de Gavirate en Italie, ça me permettra de voir où j'en suis sur le circuit international, individuellement et en équipage.
Il y a en ce moment à l'approche des jeux para-olympiques de Tokyo beaucoup de jeunes sur le circuit international. Si le résultat est satisfaisant je participerai à d'autres compétitions sans faire spécialement de plan à plus long terme.
L'aviron mondial est en pleine évolution : suppression d'embarcations aux jeux olympiques et aux championnats du Monde (4-PL, 2+), ajout de nouvelles embarcations au programme (4-SF, 2xPR3, etc), changements de réglementation (passage des courses para-rowing en 2000m). Comment vois-tu ces changements ?
Je trouve le passage sur 2000m très positif. C'est une distance que j'ai toujours pratiquée lors de mes entrainements qui étaient calés sur le programme des valides. Elle requiert une certaine technique qui allie patience et endurance.
Quelles évolutions aimerais-tu voir pour les années à venir ?
Que le développement du para-aviron au niveau international se poursuive et que des jeunes viennent renforcer les équipes.
Est-ce que l'aviron français se donne toutes les chances pour briller aux jeux olympiques de Tokyo et de Paris ?
Dans ma catégorie la France peut se classer dans les six premières places.
Cela suppose qu'il y ait un gros travail préparatoire tant au niveau physique que technique et en accompagnement des athlètes.
Depuis ton arrivée au club, celui-ci a beaucoup progressé et a atteint en 2017-2018 la deuxième place au classement national. Quelle est, à ton avis, la clé de cette réussite ?
Nous avons la chance de disposer de conditions très favorables avec l'emplacement de la base, la possibilité d'aller à Mantes la Jolie quand la Seine n'est plus accessible, et le matériel. Il y a surtout un très bel esprit au Club avec des entraîneurs et bénévoles motivés et investis.
Quels sont, à ton avis, les secteurs où le club peut s'améliorer ?
Selon toi quelles peuvent être les pistes pour garder notre place et progresser ?
On peut s'améliorer dans tous les secteurs. Nous devrons néanmoins avoir une attention particulière pour la formation de jeunes rameurs afin d'assurer notre futur.
Je regrette de ne pas avoir eu la possibilité d'accompagner un jeune rameur pour prendre la relève et me succéder au niveau international. Nous devons nous investir plus dans le recrutement. Dans le para-rowing nous devrons essayer de travailler avec des centres de rééducation et des hôpitaux afin de déceler nos futurs rameurs.
Au niveau du club nous devons accroître notre présence sur internet et mieux communiquer sur nos activités afin d'ouvrir des portes pour le recrutement et susciter de nouvelles envies.
La perspective d'intégrer l'équipe de France est une motivation mais tout commence par le club et l'esprit qui l'anime.
Je remercie François Banton et mes entraîneurs qui m'ont fait confiance. Les compétiteurs et bénévoles qui sont toujours présents pour nous aider et nous faire progresser.
Propos recueillis par Pedro Ferreira.