Quelle a été ta motivation pour assumer la présidence de la section Aviron ?
Rapidement dans le club, lors de mon arrivée, s’est posé le problème des permis remorque. J’ai donc naturellement proposé mes services. De fil en aiguille j’ai été sollicité et me suis trouvé investi dans le fonctionnement, les déplacements, etc… A l’époque, nous avions un président fantôme qui n’était jamais là, juste présent quelques week-ends en septembre et en fin d’année sportive.
Le président avait, de fait, délégué ses pouvoirs à l’entraîneur de l’époque, situation qui a conduit à quelques dérapages. Avec quelques-uns, dont Emmanuel Gaye, nous avons décidé de mettre la pression au président et nous l’avons poussé à la démission. Une fois cela fait, s’est posée la question : Qui pour le remplacer ? Comme je venais de me mettre à mon compte l’année d’avant (1996 ), j’ai donc assez naïvement levé la main !
Ayant horreur de faire les choses superficiellement, je me suis donc investi avec l’aide de quelques-uns (Emmanuel Gaye, Johan Rahmani, Sylviane Lourdais…) pour redresser la section. À l’époque, je n’ai jamais envisagé la possibilité que la section soit un acteur majeur de l’aviron français, loin de là ! Les choses ont avancé gentiment pour nous conduire là où nous sommes aujourd’hui.
Parle-nous de ton implication présente et passée dans le milieu associatif et sportif (ACBB, LIFA, FFA, etc.)
Rapidement, après ma prise de fonction, je me suis aperçu qu’il fallait être présent un peu partout pour défendre nos intérêts. J’ai donc dans un premier temps fait candidature à la présidence du CDA 92 (en 2000), puis à la commission des finances de l'ACBB à la même époque. Suite à la démission du trésorier général, l’opportunité s’est présentée, je l’ai saisie (de 2004 à 2016).
Parallèlement, notre statut de club leader en Île-de-France m’a conduit à la ligue où, là aussi, il fallait être présent et faire valoir nos positions. Et, tout naturellement, cela a conduit à la fédération en 2016, pour les mêmes raisons.
Quels sont tes souvenirs les plus marquants depuis que tu es président de l'ACBB aviron ?
Notre premier titre de champion de France sous ma présidence, avec les cadets du CH4x à Vichy en 2001 (Libaudiere, Boy, Bridel, Guilgaud ).
Le titre de championnes de France de Chloé Poumailloux et Natacha Eyber en FJ2x à Bourges en 2009, magnifiques, impériales !
Certains stages avec les jeunes, notamment celui du lac de Vassivière avec Jean-François Bridel, toute la bande des cadets et Teroin en tête pour mettre l'ambiance !
Les Jeux Olympiques de Londres en 2012 avec Stéphane Tardieu.
Le décès de Jean-François Bridel en 2014, personnage incontournable, une vraie complicité entre nous existait, un AMI, un VRAI !
Récemment le doublé des HS4– PL à Bourges en 2017.
Cédric, depuis 1999, un vrai coach charismatique, avec qui je partage une vraie complicité et suis en toute confiance, et qui est pour beaucoup dans notre réussite.
Y a-t-il des choses que tu regrettes ou que tu aurais, avec le recul, fait de façon différente ?
Le départ de Francis Riancho et récemment de Morgan Forestier, qui m’ont donné tous les deux une vraie vision de ce que doit être un club d’aviron (un équilibre subtil entre compétiteurs et loisirs, reposant sur de nombreux bénévoles pour épauler les professionnels).
Nous avons perdu beaucoup de temps pour la mise en place de créneaux scolaires. Force est de constater que tous les clubs ayant des résultats chez les jeunes font du scolaire de manière importante.
Depuis que tu assures la présidence, le club a connu un développement très important tant en nombre d'adhérents qu'en résultats sportifs. Quelle est ton analyse de cette évolution ?
Nous avons profité d’une conjoncture qui nous a été favorable, et su saisir les opportunités. La construction de la nouvelle base a indéniablement contribué à notre développement. Les emplois jeunes des années 1998 /1999 nous ont permis de recruter des encadrants de très bonne qualités : Cédric Toublan, Alexandre Bridel un peu plus tard en sont les meilleurs exemples. Cédric a su créer une ambiance, un vrai esprit ACBB, ce qui, au dire de beaucoup, n’est pas le cas dans de nombreux clubs français.
Nous avons toujours veillé à un équilibre loisirs/compétitions, ce qui n’est pas forcément le cas ailleurs (entraîneurs loisirs, bateaux, créneaux etc…).
Une gestion saine, où nous avons toujours veillé aux équilibres budgétaires tout en innovant comme avec nos achats de bateaux en leasing de 2008.
Quels points aimerais-tu voir progresser ? Plus généralement comment vois-tu l'avenir de l'ACBB Aviron ?
Notre gros point faible est notre communication ! Nous faisons énormément de choses, aviron santé, comité d'entreprise, aviron adapté, handi-aviron, scolaires etc… et sommes incapables de le faire savoir à l’extérieur. J’en ai encore eu confirmation hier : la mairie découvre que nous faisons de l’aviron santé et de l’aviron indoor ! Dans notre société actuelle, pour exister pleinement il faut communiquer ; faire sans rien dire ne sert qu’à se faire plaisir en interne !
Notre avenir :
- rester dans le top national.
- Renforcer le scolaire et les entreprises.
- Faire perdurer une activité loisirs forte et dynamique.
- Se battre contre les projets soi-disant écolo comme les bateaux bus, qui n'apportent rien et dégradent fortement la pratique des sports de nature. On est dans la contradiction la plus totale !
- Si le projet de labellisation 92 se concrétise, ce sera le top !
L'aviron est en pleine mutation, tant au niveau national qu'international. Depuis quelques années on modifie l'organisation des compétitions de haut niveau : suppression de certains bateaux aux compétitions internationales (4-PL, 2+), modification des distances en para-rowing, etc. Quelle est ta vision pour l'évolution future de notre sport au niveau national et international ?
Au niveau international, la France ne fait que subir les décisions du CIO ou de la FISA. L’aviron, l’un des sports fondateurs des JO modernes est de fait surreprésenté aux JO avec un nombre d’athlètes élevé ; je ne vois pas comment éviter les tentations du CIO de réduire ce nombre de rameurs au profit d’autres disciplines !
Au niveau national, l’aviron s’il veut perdurer, doit accepter de changer certaines de ses habitudes datant d’un autre siècle : ouvrir les championnats des jeunes aux étrangers, et non pas limiter comme ça a été fait il y a 2 ans ! Accepter de professionnaliser les athlètes HN ; on ne peut pas demander à des jeunes de 20 à 30 ans de s’entraîner 2 fois par jour, 6 jours sur 7 pour la gloire ! Changer son système de sélection et de suivi dans les pôles France.
Communiquer sur les résultats dans les médias. En dehors du monde de l’aviron, qui connaît nos champions olympiques de 2016 ? La fédération de biathlon, avec très peu de licenciés, fait la une des journaux télévisés régulièrement ! Notre sport porte de vraies valeurs, mettons-les en avant et vendons-les !
L’aviron français sort d’une période où des individualités fortes ont un peu caché la misère. Les années à venir risquent d’être un peu plus compliquées. À moins que le réveil sonne et que de vraies décisions novatrices soient prises.
Et la question la plus importante : Pépito ou Granola ?
Pour mes petits enfants (4 ) c’est PAPITO !
Propos recueillis par Pedro Ferreira