La randonnée sur le Cher commence à Bléré, localité située à quelques kilomètres en aval de Chenonceaux. La rivière est belle, il n’y a guère de courant, il fait beau et pas trop chaud, l’air est pur, le paysage magnifique. Et … pas de péniches !

Nous remontons donc tranquillement l’eau, et au bout d’un peu plus d’une heure, spectacle fascinant, nous arrivons à Chenonceaux. Le château et les arches sont encore plus beaux vu de la rivière. Nous ne nous lassons pas de les contempler, d’abord de l’aval, puis après avoir franchi une arche, de l’amont, puis nous retournons sur nos pas et tournons ainsi de longues minutes. L’une d’entre nous est guide dans le civil, Chenonceaux n’a bientôt plus de secrets, François 1er acquéreur initial de ce qui n’était encore qu’un petit château moyenâgeux, Diane de Poitiers qui fait construire le nouveau corps de logis mais est contrainte de céder le présent d’Henri II à Catherine de Médicis, les embellissements de cette dernière …

Il faut hélas continuer, nous repartons, nostalgiques, en voyant disparaître après un coude de la rivière la perle de la Renaissance.

Après Chenonceaux, la randonnée devient un peu plus délicate, il faut en effet franchir plusieurs écluses. Des bénévoles nous attendent de part et d’autre des parois, pour nous guider dans l’écluse à l’aide de cordages auxquels nous devons nous accrocher. N’oublions pas qu’une écluse est étroite, il faut donc ranger les pelles en longueur de part et d’autre de la yolette.

Hélas, dans notre yolette n°11, à la 3ème écluse, sans doute sommes-nous pressés d’atteindre le pique-nique qui nous attend juste après, nous oublions d’attendre qu’on nous tende le cordage, forts de notre expérience des deux premiers franchissements nous entrons avec insouciance dans l’écluse, nous plaquons nos pelles le long des bords de notre embarcation, et …

Vous connaissez le principe d’Archimède ? « tout corps plongé dans un liquide en reçoit une poussée équivalente au poids du volume de liquide qu’il déplace ». Et son aphorisme « donnez-moi un point d’appui, je soulèverai le monde ». On pourrait y ajouter la prédiction suivante : « toute yolette plongée dans l’eau, et privée des points d’appui naturels que sont ses pelles à plat, chavire en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire ». Et c’est exactement ce qui nous arrive. La yolette se retourne sans crier gare, nous tombons à l’eau, vous imaginez la suite : les sacs étanches ne le sont pas vraiment, les téléphones portables ne le sont pas du tout, nous sommes trempés et nos vêtements aussi, l’un d’entre nous passe même un moment d’angoisse coincé sous la yolette …

Vingt minutes plus tard, nous avons retrouvé l’essentiel des affaires, mais dans quel état, la yolette a été tirée sur la berge et vidée, les vêtements sèchent au soleil (voir photo ci-après), un petit rouge de Touraine vient à point nous réconforter. Le moral a quand même pris un petit coup. Les règles de sécurité, il faut y penser, eh oui !

L’après-midi voit la flottille arriver à Bourré où les bénévoles des clubs tourangeaux font une nouvelle fois preuve d’une splendide organisation et d’une grande gentillesse. Les embarcations étendues dans un champ, nous retrouvons notre camping, tipis, yourtes, maisonnettes, toutes plus agréables les unes que les autres. La soirée est consacrée à un grand Chile con carne que rejoignent les amis d’une des animatrices du club local, à l’occasion de son anniversaire. C’est aussi le moment de remercier la si sympathique Corinne, remarquable organisatrice en chef, efficace et chaleureuse, tout le temps souriante bien que sur la brèche.

Le dimanche matin, nous redescendons le Cher. Un peu d’angoisse au passage de l’écluse fatidique de Chissay, mais cette fois tout le monde est attentif, et tout se passe sans encombre. Débarquement, paella, récupération des bagages et des véhicules … Il est temps de partir, nous retrouvons sans plaisir les bouchons de la région parisienne !

Dominique Tessier